Jean-David Gonnet



A propos de Jean-David Gonnet

Le regard de Jean-David

Interview accordée à la revue ‹‹ Vu d'Ici ›› (Loir-et-Cher, printemps 2010)

Depuis quand peignez-vous ?

J'ai grandi dans un milieu artistique. Mon père est sculpteur et ma mère enseignait la littérature anglaise. Mais j'ai vraiment commencé le dessin en 1999. J'ai pris des cours de peinture à partir de modèles vivants et j'ai fait beaucoup de natures mortes. C'est depuis trois ans que je travaille surtout les personnages.

Quelle importance la peinture a-t-elle pour vous ?

Je n'imagine pas faire autre chose ! Et même si j'ai encore tellement à apprendre. Il faut beaucoup travailler, mais je pense que c'est une grande chance d'avoir une telle activité.

Comment avez-vous eu l'idée de peindre des personnes âgées ?

De son vivant, ma mère a été bénévole pendant quinze ans chez Les Petits Frères des Pauvres. En 2000, j'ai commencé à l'accompagner l'été dans les séjours organisés à la campagne ou à la montagne par Les Petits Frères, pour permettre aux personnes âgées d'avoir elles aussi des vacances. Puis je suis devenu bénévole à mon tour.

Que vous apporte la fréquentation des personnes âgées ?

Il y a une vraie beauté de l'âge. En 2007, j'ai commencé à faire des photos des personnes âgées et depuis j'utilise la photo comme support à ma peinture. Avec elles, j'ai appris que l'âge ne transforme pas vraiment le caractère. On dit que les ans accentuent les défauts, c'est vrai, mais heureusement, ils accentuent aussi les qualités.

La joie qu'on donne avec peu de chose se voit dans les yeux de nos anciens et ça, ça n'a pas de prix.

En partageant de mon temps avec nos vieux amis, j'espère un jour pouvoir les peindre comme avant on peignait les Reines et les Rois.

La petite lumière

Texte présenté à l'entrée de l'exposition au Théâtre de Cachan

La petite lumière qui a attiré mon attention sur les travaux de Jean-David est venue d'une ‹‹ lampe ››. Dessin au trait d'une lampe de bureau rouge. C'était très simple. C'était beau. Il avait seize ans.

Ensuite il a travaillé la peinture avec Agnès Durand à Léo Lagrange à Cachan. Plusieurs années, ils ont ensemble communiqué autour de natures mortes qui déjà s'en allaient vivre hors de leur cadre.

S'il n'a pas pris le chemin des Grandes Ecoles, mais plutôt celui des écoliers, Jean-David a pourtant rencontré, comme naturellement, génétiquement, Matisse, Monet, Bonnard et cela bien avant de les découvrir au Musée.

Plus tard il se frottera aux plus ou moins rugueux ‹‹ patrons ›› des Ateliers des Beaux-arts de la Ville de Paris : Marc Bloch, Glacière, Montparnasse, où il passe doucement de l'objet au sujet. Plusieurs années encore où il étudiera, oscillant entre Art Brut et raffinement classique, basculant de la Renaissance aux masques africains.

Monter, descendre, virage après virage, il découvre, recherche, travaille. Et dans le va et vient de ce chantier arrivent un jour, sans préavis, des personnes agées. Sous le regard bienveillant des peintres du Quattrocento, il nous façonne des images de l'Age. Et là, même un Dürer accepte de prêter ses etoffes pour vêtir ‹‹ nos Vieilles Reines ››.

Enfin, avec les Flamands, apparait le paysage. Mais c'est le bocage percheron qui s'aligne derrière les personnages. Les fonds s'ouvrent sur la nature et avec les saisons nous montent aux yeux le cycle des humains, qu'ils soient grand'mère épanouie ou mamie revêche.

Jean-David, on ne sait pas jusqu'où il ira. Mais on sait par où il est passé et que sa besace est encore remplie pour une longue marche.

Qu'est-ce qui le fait peindre de cette façon ? Est-ce son regard intérieur qui le guide dans ses choix ? Dieu seul le sait...

Mais que notre Jidé reste fidèle à son école buissonnière et que surtout reste allumée la petite lampe du début.

Henry Gonnet